La famille empoisonnée

Un matin, alors qu’ils entrèrent dans la chambre de leur fils atteint de trisomie, les parents le trouvèrent inanimé dans son lit. Appelés en urgence, les secours ne purent que constater le décès. La mort fut déclarée par la suite en mairie, sans indiquer la cause du décès. La police trouva la mort d’un être jeune pas naturelle et un peu suspecte. Alors une autopsie fût programmée. Un médecin légiste fut chargé d’analyser le corps du fils décédé. Le cœur n’avait rien d’anormal et la trisomie au cerveau ne suffisait pas à expliquer la mort. Par contre, quel ne fût pas l’étonnement de trouver des traces de poison dans le vendre de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la victime.

La police ouvrit une enquête pour empoisonnement. Apparemment cela venait de la nourriture ingurgitée. Et là, toute la famille était suspecte : d’abord le père qui n’avait jamais accepté d’avoir un fils trisomique, cela constituait un mobile pour s’en débarrasser. La mère avait l’opportunité du crime car c’est elle qui cuisinait les plats. Enfin, la sœur aussi avait l’occasion de mettre le poison, l’analyse détermina que c’était de la mort aux rats, parce qu’elle portait les repas à son frère et qu’elle était jalouse de l’attention concentrée sur lui. Tous étaient suspects et furent interrogés à tour de rôle. Personne ne laissa rien paraître d’une éventuelle culpabilité ; pourtant tous avaient une raison pour commettre le crime contre ce gêneur et l’occasion de le commettre.

Les interrogatoires n’aboutirent à aucun aveu. La police finit par classer l’affaire faute d’aboutir à la résoudre. Alors le père, la mère et la sœur se suspectèrent, chacun se demandant qui des deux autres avait commis l’empoisonnement. L’atmosphère devint peu à peu pesante. La famille autrefois unie se disloquait. Chacun se méfiait de l’autre de l’autre, et bientôt les membres ne se parlèrent plus. L’incommunicabilité et le soupçon firent que le père et la mère décidèrent de faire chambre à part. Quant à la fille, elle choisit l’exil et partit pour une autre ville éloignée. Des mois passèrent, aussi distants les uns des autres, puis les années. Pendant ces années, la fille eut un mari et deux enfants. Ceux-ci regrettaient de ne pouvoir voir leurs grands-parents. Les petits enfants en faisaient souvent la demande. Alors, cédant à celle-ci, la fille décida de réunir tout le monde. D’un commun accord, les parents et la fille choisirent de ne plus chercher à savoir qui avait empoisonné le fils, et de ne plus en reparler jamais jamais, afin de repartir sur de nouvelles bases, cela pour la paix et l’harmonie de la famille. Tant pis pour la vérité et la justice. Car en fait, la vérité était ailleurs : l’enfant s’était empoisonné tout seul car il prenait les pastilles colorées de mort aux rats pour des confiseries qu’on lui cachait.

Mikael SMADJA

thriller